
Hourrah ! Les tours ont tenu ! (image 78 actu.fr, François Desserre).
Avril 2019. « Je n’osais pas y croire, lorsque j’ai appris cette terrible nouvelle aux informations », relate Michel, Ornais.
Pas tout puissant
« J’ai toujours été attaché aux cathédrales. Je ne pensais pas voir ça de mon vivant. Et pourtant ! J’ai assisté à ce drame, qui était aussi un flamboyant et terrifiant spectacle, qui nous a appris l’humilité. Non, nous ne sommes pas tout puissants. La preuve !
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Alain, un Mayennais s’exprime. « J’ai été marqué à plusieurs reprises dans ma vie par des faits d’actualité majeurs. Le pire d’entre eux reste le 11 septembre 2001, qui n’est pas comparable à cause de la dimension terroriste, et de la taille des bâtiments détruits. J‘ai aussi été marqué par le 26 décembre 2004, et son tsunami. Je peux dire que cet événement, déjà est également tout aussi marquant pour moi ».
« J’étais scotché »
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« Ces images m’horrifiaient », raconte Patrick, amboriverain. « Je suis resté scotché à mon écran. Je n’avais qu’une envie, essayer d’aider les pompiers pour sauver ce patrimoine en péril. Je les voyais travailler et j’attendais désespérément une bonne nouvelle, celle de savoir si l’incendie allait être maîtrisé. Puis j’ai pris conscience que de regarder et regarder encore ces reportages ne me permettrait pas de sauver la cathédrale. Alors j’ai fait autre chose. Et j’ai rallumé le poste le lendemain matin. Là, j’ai appris qu’au-delà du drame, il subsistait des sources d’espoirs : la structure d’ensemble avait été conservée. Depuis 2011, j’ai été marqué par deux autres événements. Il y a eu les attentats du 13 novembre 2015. Et il y a eu aussi, plus grave selon moi, la catastrophe de Fukushima. Elle m’avait fait comprendre la faiblesse de l’homme par rapport à la nature et ses éléments déchaînés. Après le tsunami s’y ajoutait une catastrophe nucléaire. À ce moment, je me suis rendu compte qu’en même temps que nous vivions d’illusions, nous nous bercions de ces mêmes illusions ».
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Intouchable ?
« S’il est moins terrifiant, ce nouvel événement y ressemble. Comme en 2011, nous avons été impuissants face à la nature, qui s’est exprimée ici par le feu. Comme en 2011, nous pensions un bâtiment solide, intouchable, immortel. Mais non, tout peut avoir une fin. Il n’y a plus qu’à reconstruire ».

Le père Thierry Hénault-Morel, devant l’église Saint-Julien de Domfront-en-Poiraie. (©Publicateur)
Réaction du père Hénault-Morel, de Domfront-en-Poiraie
« Cela peut permettre de transcender ce qui nous divise »
« Mardi, la messe à destination des religieux de l’évêché, à Sées, pour Pâques, a commencé par l’évocation de cet événement », indique le Père Thierry Hénault-Morel de la paroisse Domfront-en-Poiraie. « J’ai été touché par le fait de voir que l’âme entière de la France avait été sensibilisée, et même de beaucoup de pays du monde. A Domfront aussi, nous avons été secoués. Localement, nous avons l’église Saint-Julien. Bien évidemment, elle n’a pas l’échelle ou la portée de Notre-Dame-de-Paris, elle n’a pas connu le feu, mais elle a aussi des besoins de rénovation. Elle est également importante pour l’âme de chacun, et des Domfrontais. On peut le voir dans les messages adressés, les promesses de dons pour sa restauration ».
On peut donc dire qu’à l’heure où il n’est pas toujours facile de réunir les peuples, ces événements douloureux, de dommages aux monuments importants, peuvent y contribuer. Le grand incendie à Notre-Dame, ou de petites réparations à Saint-Julien peuvent permettre de transcender ce qui nous divise, chacun à leur échelle respective. En outre, pour retranscrire ce qui a été dit hier, à Sées, « la chute du clocher de Notre Dame a une haute portée symbolique qui peut être vue comme une interpellation, une incitation à nous ressaisir ».