
Les services du conseil départemental ont présenté le projet de nouvelle sectorisation, mardi 2 juillet, au collège de Villefranche-de-Lauragais. (©Paul Halbedel – VDML)
Soulagement pour certains parents d’élèves et déception difficile à masquer pour d’autres. Mardi 2 juillet 2019, le projet de nouvelle sectorisation présenté par le conseil départemental de Haute-Garonne pour le recrutement des élèves de 6e du collège Jules-Ferry de Villefranche-de-Lauragais, a été diversement accueilli par les parents d’élèves présents à la dernière réunion de la phase de concertation lancée il y a plusieurs semaines.
Afin de réussir à faire baisser les effectifs du collège de Villefranche-de-Lauragais – qui se trouvait cette année avec près de 860 élèves accueillis au-delà de son seuil d’alerte – le conseil départemental a décidé de faire évoluer le secteur de rattachement à cet établissement.
Ce qui changera à partir de la rentrée 2020-2021
À partir de la rentrée 2020, le collège de Caraman accueillera en 6e les élèves issus du Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) Mauremont – Trébons-sur-la-Grasse – Cessales – Saint-Germier – Les Varennes alors que ces derniers sont jusqu’à présent scolarisés à Villefranche-de-Lauragais.
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Dans le même temps, les élèves issus de la commune du Cabanial feront quant à eux leur rentrée de 6e à Revel et non plus à Caraman comme cela est le cas aujourd’hui.
Dernière évolution attendue : l’affectation des élèves des deux communes audoises de Saint-Michel-de-Lanès et Gourvieille vers Castelnaudary plutôt que Villefranche-de-Lauragais comme cela est aujourd’hui le cas.
RPI Montclar – Lagarde : rien ne bouge… pour le moment !
Le conseil départemental a cependant renoncé à appliquer le scénario présenté il y a quelques semaines et qui consistait à rattacher le RPI Lagarde – Montclar-Lauragais au collège de Nailloux. Pour la plus grande satisfaction des parents d’élèves de ces deux communes qui avaient fait part de leur vive opposition à ce projet en lançant une pétition et avaient par ailleurs reçu le soutien des maires des deux villages dans cette démarche.
Pour autant, le conseil départemental précisait que cette hypothèse serait certainement rediscutée d’ici deux ans en fonction de la progression de l’effectif du collège de Villefranche-de-Lauragais et en raison de l’ouverture programmée du collège de Cintegabelle qui devrait libérer des places à Nailloux.
Un temps envisagé, le rattachement de la commune de Beauville au collège de Revel a été lui aussi abandonné au regard de la hausse du temps de transport pour les élèves, qu’aurait impliqué une telle évolution.
Des assurances sur les temps de transport
L’annonce de cette nouvelle sectorisation a suscité de nombreuses réactions de la part des parents d’élèves issus du RPI Mauremont – Trébons-sur-la-Grasse – Cessales – Saint-Germier – Les Varennes.
Ces derniers se sont d’abord montrés surpris des résultats d’un sondage présenté par le Département, indiquant que 15 parents d’élèves s’étaient prononcés sur cette nouvelle sectorisation et avaient à 57 % fait part de leur avis favorable sur le sujet. Un parent d’élève s’interrogeait :
Le nombre de 15 parents qui auraient répondu est quand même assez étonnant car il semble que l’on soit bien plus nombreux à avoir fait part de notre avis… Ou alors tout le monde n’a pas eu accès à ce sondage-là.
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Plusieurs parents présents dans la salle demandaient également des précisions quant à l’impact de ce changement de collège d’affectation sur le temps de transport des élèves. Laurent Delrue, directeur général adjoint chargé de l’éducation, de la mobilité et du patrimoine, tentait de les rassurer :
Il y avait déjà un service de bus qui desservait la Segpa et nous avons décidé de mobiliser deux véhicules de plus, qui seront forcément à capacité réduite les premières années. Cela coûtera plus cher que s’il n’y avait eu qu’un seul bus à remplir et un seul circuit. Mais on a décidé de tenir compte des remarques et inquiétudes émises par les parents lors des réunions pour préserver les temps des transports des élèves. Pour les enfants de Cessales, Mauremont, Saint-Germier et Les Varennes, les temps de transports seront égaux ou améliorés. Pour les enfants de Trébons, du fait d’un certain nombre d’arrêts, le temps de transport sera allongé de maximum 3 à 5 minutes.
De nombreux parents restent sceptiques
Visiblement déçus par le projet proposé, certains parents mettaient également en avant leurs doutes quant à l’impact de cette nouvelle sectorisation sur la baisse des effectifs du collège de Villefranche-de-Lauragais :
Le collège sera encore en sureffectif pendant des années… Cette nouvelle sectorisation, c’est une goutte d’eau !
D’autres affichaient leur scepticisme quant aux projections d’effectifs affichées par le Département :
La solution de déplacer les élèves de Gardouch vers Nailloux qui, semble-t-iln aurait permis de régler le problème sans déplacer tous les autres élèves a-t-elle été étudiée ? Et pourquoi ne pas proposer une sectorisation qui inclut dès aujourd’hui l’ensemble des communes ?
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Une interrogation faisant référence à l’abandon du scénario visant le déplacement des élèves de Lagarde et Montclar-Lauragais vers Nailloux. Laurent Delrue apportait une première réponse :
On a discuté avec toutes ces communes du sud du territoire y compris Gardouch et on a senti un avis très réservé des parents et des élus. Aujourd’hui, on sait très bien que la solution n’est pas idéale mais on a essayé de trouver le meilleur compromis.
Objectif : autour de 700 élèves à Villefranche-de-Lauragais en 2023
Un propos que complétait Mariette De Malvinsky, directrice du département Éducation au conseil départemental :
L’objectif, c’est de revenir autour de 700 élèves en 2023. On met en place cette nouvelle sectorisation mais on sait très bien que pour être efficace, il faudra au moins quatre ans. Et avec l’ouverture de Cintegabelle en 2021, on aura l’occasion de rectifier encore le tir en fonction de l’augmentation globale de population enregistrée sur le secteur.
Le principal du collège Jules-Ferry, Cédric Merchet, abondait dans le même sens que les deux représentants du conseil départemental :
L’effectif de ce collège n’a cessé de croître depuis 20 ans. Il y a dix ans, il y avait 600 élèves, il y en a près de 860 cette année. Ce qui est intéressant, c’est qu’on offre enfin une solution pour infléchir cette tendance. Il y avait déjà eu le déplacement des élèves de Villenouvelle vers Ayguesvives qui va se poursuivre à la prochaine rentrée et à partir de 2020 il y aura cette nouvelle solution qui va permettre d’améliorer encore le confort des élèves.
La colère du maire de Trébons-sur-la-Grasse
Élue à Saint-Germier et parent d’élève, Marie-Laure Pouillès livrait son impression :
Le sentiment que nous avons après ces trois semaines de concertation, c’est qu’en ce qui concerne notre RPI tout était déjà joué d’avance… Il me semble aussi que la période de concertation de juin – juillet n’était vraiment pas idéale pour se mobiliser, que ce soit au niveau des parents d’élèves ou des communes… On sait tous que le mois de juin, c’est toujours la course !
Présent dans la salle, John Steimer, le maire de Trébons-sur-la-Grasse, se montrait quant à lui très virulent en découvrant le projet de nouvelle sectorisation :
Les élèves de notre RPI qui vont partir de Villefranche-de-Lauragais, cela ne pèse vraiment pas grand-chose, alors avoir fait toute cette esbroufe pour si peu ! Si je mets en face de vos projections, les chiffres réels que nous avons dans nos communes, je peux vous assurer qu’on sera bien loin du compte ! Le problème, c’est que du côté de notre RPI, nous n’avons pas fait bloc comme cela a été le cas du côté de Lagarde et Montclar. Certaines personnes se sont contentées de l’eau que l’on venait apporter à leur moulin et du côté des cinq mairies il y avait des personnes qui étaient pour, d’autres qui étaient contre, des gens qui ne voulaient pas se prononcer… Voilà le résultat et je peux vous dire que je suis vraiment très déçu !

Le maire de trébons-sur-la-Grasse, John Steimer, est intervenu en fin de réunion, se disant très déçu du projet de nouvelle sectorisation. (©Paul Halbedel – VDML)
Une sortie à laquelle répondait le conseiller départemental du canton de Revel, Gilbert Hébrard :
Il faut voir l’intérêt des enfants. Aujourd’hui, le collège de Villefranche est saturé et pour y être allé plusieurs fois, la situation était devenue intenable. Le confort des enfants n’y était plus assuré, il le sera à Caraman avec des temps de transports qui ne varieront pas à 3 ou 5 minutes près, grâce à l’effort fait à ce niveau-là par le Département. Ce n’est pas le fait de faire bloc ou pas qui a joué… On se reverra chaque année pour faire remonter d’éventuels problèmes et la sectorisation sera aussi certainement revue dans la partie sud lorsque Cintegabelle ouvrira. L’objectif, avant de construire des nouveaux collèges comme certains l’ont demandé, c’est déjà d’arriver à mieux répartir les élèves pour remplir ceux qui existent et sont en manque d’effectifs.
Transports vers Caraman : des craintes autour de la D2
Lors de cette réunion organisée par le conseil départemental de la Haute-Garonne, certains élus et parents d’élèves ont demandé aux représentants du Département de se pencher sur la sécurité de deux croisements qui seront empruntés par les nouveaux services de transport mis en place afin de conduire les élèves issus du RPI Mauremont – Trébons-sur-la-Grasse – Cessales – Saint-Germier – Les Varennes vers le collège François-Mitterrand de Caraman. « Concernant le circuit qui emprunte les communes de Mauremont et Les Varennes, le carrefour avec la D2 est très dangereux. Il n’y a aucune visibilité en raison de sa configuration donc serait-il possible d’envisager la modification de ce carrefour ? », interrogeait Catherine Latché, élue de la commune Mauremont. « Il est vrai que c’est un axe où ça roule très vite et que la traversée est assez dangereuse. On est sur le canton du président du conseil départemental, Georges Méric, donc je me charge de lui faire remonter cette problématique mais il y aura sûrement des aménagements qui pourront être faits », rassurait Gilbert Hébrard. Une autre personne présente dans l’assistance évoquait quant à elle la dangerosité du carrefour situé entre Cessales et Toutens et de la traversée de cette même route D2 à cet endroit précis. Une remarque qui était là également prise en compte par Gilbert Hébrard et les services du Département présents dans la salle.