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Cantal. La CGT FAPT 15 dépose plainte contre la société Orange pour négligence

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Lors de la conférence de presse, en présence d'Eric Debuire, secrétaire général CGT Cantal, Franck Refouvelet, du bureau départemental de la FAPT 15 et Eric Chanut, de la CGT FAPT 15.

Lors de la conférence de presse, en présence d’Eric Debuire, secrétaire général CGT Cantal, Franck Refouvelet, du bureau départemental de la FAPT 15 et Eric Chanut, de la CGT FAPT 15. (©A.C-R)

L’affaire est lancée. La CGT FAPT 15, a réalisé un dépôt de plainte au tribunal de Clermont-Ferrand, le mardi 16 juillet 2019, contre la société Orange, sur le dossier des parafoudres ou parasurtenseurs radioactifs. Une plainte qui fait suite au terme d’une enquête lancée en 2007, par les élus CGT du CHSCT France Télécom UI Auvergne (03,15,63).

Quelques mois après la fin d’une première vague judiciaire sur de nombreux suicides internes, une nouvelle déferlante risque de s’abattre sur la société de télécommunication Orange. La cause, une négligence pointée du doigt par les salariés du groupe, vis-à-vis du traitement des parafoudres radioactifs.

Plusieurs éléments radioactifs incriminés

Pour resituer cette affaire, il faut commencer par la genèse de ce dispositif. Mis en place sur l’ensemble du réseau français depuis 1931, les parafoudres ont connu un coup d’accélérateur dans les années 60-70, lors de la mise en place du « téléphone pour tous ». Les parafoudres ont pour mission la préservation des lignes lors des intempéries. 

Toutefois, ces petites pièces, n’excédant pas quelques centimètres, contiennent des éléments radioactifs comme le radium 226, du tritium et autres radionucléides. Certains sont même configurés sous la forme d’une pièce métallique avec en son milieu, une capsule de verre contenant du gaz, radioactif. Des enveloppes fragiles, prévues pour durer 10 ans.

Des éléments radioactifs avec 1 600 ans de demi-vie

Compte tenu des risques potentiels, ces parafoudres ont été interdits en 1978 et remplacés par des éléments équivalents, mais cette fois-ci non radioactifs. Le problème réside dans le remplacement des anciens parafoudres, qui ont eu lieu tardivement dans certaines zones, voire encore en place sur certains secteurs. 

Rencontrés dans leurs locaux aurillacois, nous avons rencontré une partie des lanceurs d’alerte de la CGT FAPT, dont Franck Refouvelet. Ce dernier se pose de nombreuses questions, notamment sur « le stockage et le recyclage de ces milliers de parafoudres, qui sont encore dangereux et radioactifs ». En effet, le radium a par exemple une demi-vie, estimé à 1 600 ans.

Plusieurs dizaines d’agents des télécoms sont entrés en contact avec ces éléments durant les différentes campagnes de remplacement et de retrait, mais aussi durant les opérations de maintenance et de réparation courantes pendant plusieurs années. Le problème majeur réside : « dans le fait que nous n’avons pas été informés ou formés de façon précise et claire sur la dangerosité de ce que nous manipulions » indique Franck Refouvelet.

Plusieurs témoignages mettent en avant des cas où : « Les agents gardaient dans leurs voitures des dizaines de parafoudres, ou dans leurs bureaux » poursuit le syndicaliste. 

Des mesures prises seulement depuis 2006

Devant le tribunal pour le dépôt de la plainte le 16 juillet 2019 à Clermont-Ferrand.

Devant le tribunal pour le dépôt de la plainte le 16 juillet 2019 à Clermont-Ferrand. (©CGT 15)

L’un des artisans de cette action, est le Dr Christian Torres, médecin du travail chez Orange, qui a réalisé une présentation en 2006 à Lyon, lors du congrès de la médecine du travail. Dans son rapport, le médecin met en avant des cas concrets d’exposition :  » les salariés garnissaient leurs poches de leurs blouses avec un grand nombre de dispositifs (parafoudres). Dans ces circonstances, ils pouvaient irradier leur glande mammaire. D’autres plaçaient les parasurtenseurs entre leurs lèvres (comme le geste du tapissier avec les clous) ».

Le Dr a ainsi constaté : « Un cancer de la lèvre chez un homme jeune qui n’avait jamais fumé et qui avait pour habitude de porter ces parasurtenseurs contenant du radium 226 à la bouche ».

Dans le Cantal, un cas a été reconnu, pour un agent affecté par des rayonnements ionisants, dus aux parafoudres manipulés. Toujours dans le Cantal, ce sont ainsi plus de 16 000 parafoudres radioactifs qui ont été enlevés, entre 2013 et 2016 : « De juin 2013 à décembre 2016, je suis intervenu sur le réseau avec des collègues pour le traitement des parafoudres. Il m’est arrivé d’en manipuler entre 200 à 300 par jour. En fin de semaine, on les déposait dans de simples boîtes puis dans des fûts » souligne Franck Refouvelet. Mais cela n’est pas encore fini, car il resterait encore quelques-uns de ces parafoudres sur le réseau cantalien, notamment sur le secteur de Saint-Flour.

En Auvergne, un recensement interne, a mis en avant le traitement de 250 000 parafoudres. Un chiffre qui détonne avec ceux annoncés par Orange, soit 1 million, mais pour toute la France : « Un chiffre qui semble sous-estimé. L’Auvergne ne contient pas 1/4 des parafoudres de la France » selon le syndicaliste. 

Un besoin de reconnaissance

L’action en justice, entreprise le 16 juillet 2019 a ainsi pour but, d’apporter de la reconnaissance sur ce dossier : « Pour ceux qui n’ont pas encore osé prendre la parole et pour que la lumière soit faite sur ce dossier. Il y a eu négligence et nous aurions du être informés et formés aux risques que nous allions rencontrer lors de nos opérations sur le réseau, vis-à-vis des parafoudres radioactifs » martèle Franck Refouvelet. 

Pour le syndicaliste « le combat ne fait que commencer. Et Orange doit reconnaître ses fautes au regard du personnel qui est tombé malade ou qui est décédé. Surtout, nous ne voulons pas entendre qu’ils (Orange) n’étaient pas au courant. Nous avons recensé des cas de cancer dans toute la France, à St-Nazaire, à Tulle, à Rodez, dans le Cantal et ce n’est pas fini. En Auvergne 12 agents ont travaillé sur le plan de retrait des parafoudres et jusqu’à 27 avec le recours de sous-traitants « . Le syndicat met ainsi en avant des centaines de cas en souffrance.

Le dossier est désormais entre les mains de la santé publique et il faudra attendre plusieurs semaines avant les premières réponses sur ce dossier brûlant.


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