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À Ouistreham, la cohabitation entre migrants et touristes aux portes du camping

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30 à 40 migrants squattent à l'entrée de Ouistreham (Calvados), à l'entrée d'un camping, en cet été 2019.

30 à 40 migrants squattent à l’entrée de Ouistreham (Calvados), à l’entrée d’un camping, en cet été 2019. (©MG/Liberté)

Au cours de l’hiver 2018-2019, des habitants de Ouistreham au nord de Caen (Calvados) ont manifesté leur inquiétude au sujet de l’impact que la présence de migrants dans leur commune aurait pu avoir sur le tourisme. La rédaction de Liberté est allée à la rencontre des vacanciers pour recueillir leurs avis en cet été 2019.

Surprise et empathie

Et leur réaction est généralement identique. À leur arrivée sur leur lieu de villégiature, le Camping Seasonnova de Ouistreham et ses 260 emplacements, les vacanciers ont tous été surpris ou presque, par la présence de migrants aux portes de la commune. Et surtout, à l’entrée de leur camping.

C’est clair que ça surprend quand on arrive parce qu’on a entendu parler de la forte présence de migrants à Calais ces dernières années, mais pas à Ouistreham, explique Philippe de passage dans la cité calvadosienne pendant quelques jours.

Une présence qui a également saisi Frédéric, originaire de Rouen, arrivé au camping le samedi 10 août avec sa sœur : « On l’a découvert en arrivant, ça surprend. Quelle galère pour eux ! ».

Lire aussi : Été 2019 : fréquentation, animations, migrants… les commerçants de Ouistreham dressent un premier bilan

À échanger avec les résidents, leur présence n’est pas vraiment un sujet de discussion au quotidien. « Puisqu’on a été surpris, on en a parlé un peu à notre arrivée, mais depuis, le sujet n’est pas revenu dans les conversations », explique Franck, venu de Saint-Pierre-lès-Elbeuf près de Rouen, avec sa femme. « On n’en parle pas plus que ça, aussi parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire, si ce n’est que tout se passe bien entre eux et nous ».

Cette impression de « cohabitation » qui se déroule sans encombre est confirmée par la direction, qui ne souhaite cependant pas s’étendre sur le sujet. À regarder le taux d’occupation du camping, en comparaison avec celui de l’été 2018, la présence de migrants dans la commune n’a, en tout cas, pas « fait fuir les touristes », comme certains Ouistrehamais ont pu s’en inquiéter auprès de la mairie ou dans les médias pendant l’hiver. Ici comme ailleurs dans le département, le 75e anniversaire du Débarquement continue d’ailleurs de se faire sentir, avec un impact positif sur le nombre de visiteurs pour les professionnels du tourisme.

« On a prolongé notre séjour d’une semaine »

La vaisselle tout juste terminée, Jordy, un jeune Hollandais en provenance de Goes au sud-ouest de Rotterdam, s’interroge quant à lui sur ce qu’ils font dans la journée et confirme lui aussi que « tout se passe très bien ».

Nous sommes allés plusieurs fois à la plage, et nous en avons également vus là-bas. Tout se passe le plus simplement du monde. Ils se montrent très respectueux. Ils ne nous gênent absolument pas .

À quelques pas de là, Sylvie et Americo, résidents à Champs-sur-Marne en Île-de-France, s’apprêtent à partir pour une balade. Leur camping-car est installé à proximité de la limite ouest du camping, à proximité des installations de fortune des jeunes Soudanais, Tchadiens et Gambiens qui rêvent de monter à bord d’un ferry pour gagner l’Angleterre. « Leur présence ne nous dérange pas du tout. La preuve, on a prolongé notre séjour d’une semaine », explique Sylvie qui ne cache pas cependant un désagrément : « Le seul souci, c’est que comme ils n’ont pas de sanitaires, ils urinent le long de la haie qui sépare le camping de la route, et forcément quand il fait chaud, des odeurs très désagréables remontent. »

Lire aussi : Plastique, tampons et mégots : une habitante de Ouistreham a décidé de nettoyer la plage

Des campeurs donnent leur nourriture

Comme d’autres résidents, elle a prévu de « donner toute la nourriture qui restera à la fin de la semaine, plutôt que de la ramener à la maison ». Cette attention est confirmée par les jeunes migrants qui indiquent que certains n’attendent pas leur départ pour apporter des fruits, un bout de gâteau ou des boissons. « Depuis le début de l’été, nous n’avons eu aucun problème, aucune menace ou insulte, explique Ahmad, venu du Soudan. En partant, certains nous proposent effectivement à manger ». Le jeune homme confirme également que certains touristes, « un nombre très limité », prennent le temps d’échanger, poussés par la curiosité et l’empathie.

Lors d’une distribution de repas organisée par le Collectif d’aide aux migrants de Ouistreham à la mi-août, 42 migrants sont venus se ravitailler. Ils étaient environ 150 cet hiver.


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