A Formerie (Oise), Jacques Matthieu estiment que les associations du souvenir succéderont aux associations des anciens combattants. (©Le Réveil de Neufchâtel/ Photo d’archives)
À Formerie (Oise), Bellencombre ou Saint-Saëns (Seine-Maritime), les associations ne comptent plus d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale depuis quelques années. Les anciens combattants d’Algérie disparaissent peu à peu à leur tour. Pour faire perdurer le devoir de mémoire, les associations doivent se tourner vers l’avenir : la jeunesse.
Vers des associations du souvenir
« L’avenir ne peut passer que par les jeunes qui garderont en mémoire les conflits passés. Dans cinq à dix ans, il n’y aura plus que des associations du souvenir pour le devoir de mémoire », estime Jacques Matthieu, président de l’association cantonale des anciens combattants de Formerie.
Il explique :
En un siècle, trois guerres se sont succédé. La paix est très difficile à construire. Des guerres il y en aura toujours. Mais je préférerais me tromper ».
Moins d’une dizaine de membres a entre 30 et 40 ans. Ces adhérents sympathisants peuvent devenir porte-drapeaux.
Il précise :
Avoir combattu n’est pas obligatoire pour être porte-drapeaux, mais le culte du souvenir est nécessaire »
Dans l’Oise, Jacques Matthieu compte près d’une quarantaine de membres. La majorité vient de Formerie. Les autres membres proviennent des communes voisines telles que Campeaux ou Abancourt.
« À Moliens, qui n’est pourtant pas une petite commune, il n’y a pas de président. Les adhérents se répartissent dans les associations alentour »
souligne l’ancien combattant.
En effet, un autre mal frappe les vétérans : la démotivation.
Difficultés à mobiliser et à s’unir
Michel Maurouard vient d’être élu président de l’Amicale des anciens combattants de Bellencombre. Après la mort de Roger Dupont (ancien président), le porte-drapeau était le seul à pouvoir prendre la tête de l’association. « Personne ne s’est présenté, souligne-t-il. Je suis déjà président du club des anciens mais je ne voulais pas que l’Amicale disparaisse ». Le président saint-saënnais ajoute :
« Les présidents ont de plus en plus de mal à trouver un successeur ».
Pour Michel Maurouard, « le devoir de mémoire doit être préservé. Nous n’allons pas nous regrouper avec d’autres structures. Nous n’avons pas les mêmes objectifs et pas les mêmes trésoreries ». Un avis partagé par Roger Boucher. Depuis plusieurs années, Rosay et Bellencombre célèbrent ensemble les cérémonies et jouent les hôtes tour à tour. Mais à Bellencombre comme à Rosay, l’avenir est sombre. Les deux associations comptent une quarantaine de membres et à Bellencombre, seuls « 4 ou 5 sont des anciens de l’Algérie ». Pour grossir les rangs, les groupements peuvent compter sur les sympathisants, majoritaires à Bellencombre et en nombre à Saint- Säens.
Pourtant renouveler le bureau s’avère compliqué. « Une quinzaine de personnes seulement viennent à l’assemblée générale sur plus de 60 adhérents. Ils ont peur d’être sollicités pour entrer au bureau », regrette Roger Boucher.
Les enfants, gardiens du souvenir ?
Si à Saint-Saëns, Roger Boucher ne se plaint pas avec ses 62 membres (dont la moitié a combattu en Algérie, Tunisie ou au Maroc), il rappelle : « le nombre d’adhérents diminue d’année en année. Les plus jeunes ont 60 ans ». « Depuis plusieurs années, les élèves scolarisés à Saint-Saëns viennent chanter la Marseillaise lors des cérémonies du 8-Mai et du 11-Novembre », se félicite Roger Boucher. Un constat partagé par Jacques Matthieu à Formerie :
En 2018, 90 enfants étaient présents dans la salle des fêtes Louis-Jouvet et le phénomène s’amplifie. C’est un engagement moral des enfants et de leurs parents. J’aimerais que cet engagement perdure ».