Artiste touche-à-tout et à qui tout semble réussir, Aloïse Sauvage vient de sortir son premier EP (©DR)
Elle parle vite, à un rythme saccadé, jamais essoufflée. Aloïse Sauvage est un tourbillon de fougue et d’énergie. En 2017, cette Seine-et-Marnaise se fait connaître du grand public dans 120 battements par minute de Robin Campillo. Remarquée plus récemment aux côtés de Laurent Lafitte, Camille Cottin et Lily-Rose Depp dans Les Fauves, cette actrice, danseuse et circassienne s’affirme cette fois comme chanteuse avec son premier EP « Jimy », sorti fin mars.
Touche-à-tout et hyperactive
Âgée de 26 ans, la jeune femme originaire du Mée-sur-Seine, est une touche-à-tout depuis son plus jeune âge. Passée par les préfabriqués du collège Elsa-Triolet alors en pleine rénovation, c’est au lycée Simone-Signoret de Vaux-le-Pénil qu’elle prépare son bac scientifique.
Du latin à l’allemand, cette première de la classe vise l’excellence et choisit toutes les options possibles, se définissant elle-même comme une « boule d’énergie assez indépendante, bavarde et dissipée malgré [s]es 18 de moyenne ». Après les cours, elle passe son temps libre entre le conservatoire du Mée-sur-Seine et la MJC Le Chaudron, où elle effectue d’ailleurs son stage de 3e avec les ingénieurs du son.
Aloïse Sauvage a fait ses classes au Mée-sur-Seine, mais aussi à Vaux-le-Pénil et Melun (©DR)
« À l’époque je voulais même pas être chanteuse. Clown à la rigueur, mais pas chanteuse », confie-t-elle en riant. En parallèle de la flûte traversière et du saxophone, elle commence la danse, hip hop et breakdance, au gymnase des Recollets à Melun puis au Café-Danses Bobby Sands à Savigny-le-Temple.
Puis fonde sa propre association de théâtre avec ses anciens professeurs du collège. « C’était des jeunes profs plein d’envie qui se retrouvaient en ZEP [zone d’éducation prioritaire désormais appelée REP, ndlr] avec des enfants issus de milieux différents », se rappelle-t-elle.
Certains sont devenus des amis. « Ils ont pris du temps pour moi, m’ont rendu curieuse. Je leur dois mon amour des mots ». Avec eux, elle foule les planches du Mas. Parmi ses lieux favoris : la médiathèque de l’Astrolabe, le skatepark de Meckenheim et Carré Sénart, « avec son McDo, son ciné et Nature et Découvertes ».
Artiste éclectique
Son Bac en poche, Aloïse Sauvage quitte la Seine-et-Marne pour Lomme, dans les Hauts-de-France, afin de se préparer aux concours des écoles de cirque. Huit mois plus tard, elle intègre l’Académie Fratellini, notamment pour « son ouverture au hip-hop ».
Du Mée-sur-Seine à Lomme (Nord) puis de Saint-Ouen à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Aloïse Sauvage promène son « âme de banlieusarde ». « Le Mée, j’y retourne moins souvent qu’avant, surtout depuis cette année qui a été un peu folle, regrette-t-elle.Mais j’y vais dès que je le peux ! ». Elle mentionne ensuite le RER D comme source d’inspiration : « Je crois que j’en connais toutes les stations. Il symbolise clairement la banlieue ».
A (©DR)
Dans la vie comme dans la musique, Aloïse Sauvage explore et expérimente mais ne se prive de rien. Pas même de l’auto-tune, un logiciel correcteur de tonalité très utilisé dans le rap. Avec Jimy, elle se dévoile et livre cinq titres aussi poétiques que mélancoliques, portés par des arrangements électro et hip-hop. Le fruit d’un an de travail, salué par la critique comme par le public.
Premier concert
Son premier concert à la Gaîté Lyrique, le 9 avril dernier à Paris, affichait complet. Et si elle a déjà dévoilé ses prochaines dates, la jeune chanteuse envisage un passage en Seine-et-Marne à l’automne prochain ou pour la sortie de son album. Un retour aux sources pour cette nouvelle venue sur la scène musicale. Depuis le début de l’année, la jeune femme enchaîne les passages dans les médias.
« Je suis assez flattée de l’intérêt qu’on porte à ma musique et à ce que je suis. Je viens de banlieue, j’ai eu 18 au bac, j’ai fait du slam et du breakdance et je voulais être prof de littérature. Maintenant je fais du cirque, des films et des concerts », résume-t-elle. Aloïse Sauvage est tout ça. Entre autres.
Laurène GRIS
L’artiste Aloïse Sauvage, originaire du Mée-sur-Seine (©DR)