
La Région Occitanie voit rouge contre la SNCF, qu’elle accuse de « sabotage ». (©Wikimedia Commons)
La Région Occitanie n’est pas satisfaite de la gestion du réseau ferroviaire par la SNCF, et elle le fait savoir. Plus précisément Jean-Luc Gibelin, le vice-président PCF aux Transports de la région. Dans une longue lettre ouverte publiée sur son site internet, l’élu gardois fustige la politique de la SNCF dans la région.
Convention TER
Jean-Luc Gibelin cible particulièrement « le non-respect » de la convention TER (Trains express régionaux) signée avec la SNCF au printemps 2018 et qui s’étend jusqu’en 2025. Une convention à 300 millions d’euros qui généralisait les billets à un euro, engageait la SNCF à plus de ponctualité, évoquait un prévisionnel des travaux et devait permettre la mise en place de davantage de trains.
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Des choix politiques « torpillés »
A la sortie d’une récente réunion de suivi avec la SNCF Occitanie, l’élu a manifesté son ras-le-bol :
Il apparaît clairement que la direction de SNCF Réseau sème d’embûches les parcours de nos TER. Nous rencontrons d’importantes difficultés avec cette branche de la SNCF et nous ne pouvons accepter que nos choix de politique des transports soient systématiquement torpillés, sacrifiés sur l’autel des économies qu’elle fait subir d’ailleurs à l’ensemble du patrimoine ferroviaire national. Il est urgent que la direction de la SNCF redresse la barre et mette en place tout ce pour quoi la Région finance aujourd’hui le transport de nos concitoyen-ne-s.
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Accessibilité, retards de travaux…
Dans le viseur de l’élu communiste, figurent l’accessibilité du train pour les personnes à mobilité réduite et des « retards de travaux » alors que « l’exécutif régional a voté et consigné plusieurs millions d’euros ». Retards qui auraient pour conséquence une limitation de vitesse voire une suspension de circulations de certaines lignes régionales avant 2021.
L’élu cite les exemples de la ligne Toulouse-Colomiers-Auch, vers le Gers, Toulouse-Latour de Carol, vers l’Ariège et les Pyrénées-Orientales, ou Toulouse-Brive-Aurillac, vers la Corrèze et le Cantal.

Jean-Luc Gibelin, vice-président PCF aux transports à la Région Occitanie. (©DR)
Un besoin d’investissement de 1,5 milliard d’euros
Dans sa lettre, l’élu critique également l’Etat. Et se veut alarmiste alors que, sur les 2400 km du réseau ferré d’Occitanie, « 60% représentent des lignes de desserte fine du territoire » :
Face au constat d’un désengagement massif de la direction de la SNCF et de l’Etat des enjeux liés à la gestion des lignes ferroviaires régionales, la possibilité pour la Région de continuer à exercer ses compétences d’autorité organisatrice des transports sur un réseau ferré pérennisé est réellement posée. Pour le réseau sur lequel les trains circulent, il faut 1,5 milliards d’euros d’investissement pour les 10 prochaines années. Nous sommes la région qui détient la facture la plus élevée, inatteignable pour les seules finances régionales.
Sur l’une des lignes de la région à rouvrir, Montréjeau-Luchon, en Haute-Garonne, Jean-Luc Gibelin va jusqu’à parler de « sabotage ». « Sur les six lignes identifiées prioritaires dans les Etats généraux du rail et de l’intermodalité, la direction de SNCF Réseau a facturé pour plus de 5,5 millions d’euros d’études préparatoires approfondies qui se soldent par des scénarii qui sont trop chers, trop longs et pas adaptés aux besoins des liaisons. Sur la ligne Montréjeau-Luchon, nous avons demandé une estimation à une entreprise. Cette estimation est moins chère de 25% et plus rapide de deux ans ! C’est un véritable sabotage ! ».
Une partie des pénalités reversée aux usagers
La Région n’en est pas à ses premières foudres envers l’opérateur public historique. En décembre 2018, elle avait voté une mesure permettant aux abonnés TER à l’année de bénéficier d’un mois gratuit, « grâce » aux pénalités payées par la SNCF à la Région Occitanie lorsque les trains ne sont pas ponctuels. Les abonnés avaient reçu cette aide en mars 2019.