Quantcast
Channel: actu.fr - Toute l'information nationale, régionale et locale.
Viewing all articles
Browse latest Browse all 13816

Départ. Le préfet Pierre Pouëssel : "Oui, décidément j'aime l'Hérault"

$
0
0
Beaucoup de monde pour dire adieu au préfet de l'Hérault.

Beaucoup de monde pour dire adieu au préfet de l’Hérault. (©D.R.)

Dans un costume couleur ciel bleu canicule, Pierre Pouëssel a dit au revoir au département de l’Hérault, ce vendredi soir, dans le salon d’honneur de la préfecture de l’Hérault, à Montpellier. Là où avait eu lieu la réception lors de son arrivée ici, il y a trois ans et huit mois.

Le 1er septembre, il prendra ses fonctions à Orléans, comme préfet du Loiret, préfet de la Région Centre-Val de Loire, tandis que l’actuel directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises, le préfet Jacques Witkowski lui succèdera.

Dans un long discours, Pierre Pouëssel a évoqué son séjour passé ici.

« Un soir de demi-brume »

« Je suis arrivé à Montpellier le 31 décembre 2015 par « un soir de demi-brume ». J’en partirai le 6 août prochain au matin, dans la chaleur estivale. Je suis fier d’avoir été nommé par le Président de la République en conseil des ministres le 17 juillet dernier préfet de la Région Centre-Val de Loire, préfet du Loiret. C’est un nouveau défi qu’il me faut relever. Une nouvelle étape – et sans doute la dernière – de mon tour de France préfectoral entamé à Nîmes en 1982 comme directeur de cabinet du préfet du Gard. J’éprouve de la tristesse « sous le soleil noir de la mélancolie » – car, j’aime ce département. J’aime sa géographie contrastée avec son littoral parsemé de vastes étangs et de lidos, avec ses hauts cantons qui courent, à l’ouest vers les contreforts de la montagne noire – aux limites du Tarn – et vers les causses aveyronnaises, à l’est du Pic Saint Loup – la montagne magique des montpelliérains – aux Cévennes gardoises en passant par une succession de collines où prospère la garrigue et qui s’ouvre sur la plaine recouverte de son manteau de vignes sur lequel veillent de loin en loin des bouquets de pins parasols et de platanes. J’aime ses fleuves et ses rivières : l’Hérault qui vient terminer sa course à Agde avant de mêler ses eaux à celles de la Méditerranée, l’Orb qui s’écoule au pied du promontoire d’où domine la cathédrale de Béziers, j’aime ses villes, celles que je viens de citer et toutes les autres avec une tendresse particulière pour le port et la ville de Sète sa plage de la corniche, si chère à Brassens, son cimetière marin, sa Pointe courte et l’étang de Thau ».

Le président du CASDIS, Kléber Mesquida a chaleureusement félicité hier les pompiers. À gauche, le préfet, à droite le directeur du Sdis 34. Photo Sdis 34.

Le président du CASDIS, Kléber Mesquida a chaleureusement félicité hier les pompiers. À gauche, le préfet, à droite le directeur du Sdis 34. Photo Sdis 34.

« J’aime Montpellier la savante »

« Last but not least, j’aime, par-dessus tout Montpellier ville d’art et d’histoire qui garde la mémoire des rois d’Aragon et de Majorque. J’aime Montpellier qui cultive l’intelligence depuis des siècles avec son université de droit et son université de médecine emblématique de la diversité des influences, juive avec Maïmonide, gréco-arabe avec Averroes et Avicenne, italienne avec Placentin qui en marquèrent les origines au XIII siècle. J’aime Montpellier la savante, l’innovante et l’entreprenante avec son label French Tech, son BIC et son université d’excellence MUSE. J’aime Montpellier la décoiffante avec ses 70 000 étudiants. J’aime Montpellier l’artiste avec ses phares culturels : le MOCO que nous venons d’inaugurer, l’exceptionnel Musée Fabre qui doit tant à son conservateur général – l’Opéra Orchestre National de Montpellier, le merveilleux domaine d’O avec son printemps des comédiens , Montpellier Danse, la ZAT, Arabesques et tant d’autres évènements culturels et artistiques qui ponctuent la vie montpelliéraine. Enfin, j’aime Montpellier et tous ses quartiers dans leur diversité avec une dilection particulière pour l’Ecusson et une affection pour la Mosson et ses habitants. Je m’arrête là – Vous l’avez compris pour moi quitter Montpellier, quitter l’Hérault sera un arrachement ».

Deux messages

« Avant de vous dire « au revoir » je voudrais vous adresser deux messages en forme d’impératifs catégoriques : Ayez confiance et Unissez-vous. Ayez confiance ! J’ai pris mes fonctions de préfet de l’Hérault au moment où s’est mise en œuvre la fusion des deux régions Languedoc)-Roussillon et Midi-Pyrénées. J’ai immédiatement compris que vous aviez perçu la perte du statut de capitale régionale et de département chef-lieu de région comme une « capitis diminutio » et qu’il fallait contrebattre ce sentiment car vous aviez les moyens de rebondir en concourant au développement du territoire héraultais et à la structuration de l’Est de l’Occitane ».

« Situation sociale, un paradoxe »

« La situation économique et sociale héraultaise se signale par un paradoxe : le département est un de ceux en France qui connaît le plus grand nombre de création d’emplois (entre 5000 à 7000 par an au cours des 3 dernières années) mais c’est aussi un de ceux qui enregistre le plus fort taux de chômage (14,5 % en 2016 – 12,5 % aujourd’hui) et le plus fort taux de pauvreté (19,6%). Ce paradoxe s’explique assez largement par la forte pression démographique qui accroit le déséquilibre entre population active et emploi. Ce paradoxe pourrait être atténué grâce à une accélération de création d’emplois qui se confirme depuis le début de l’année mais aussi grâce à la mise en œuvre du « Plan d’Investissement dans les Compétences » visant à former les chômeurs les plus éloignés de l’emploi et à la relance de l’apprentissage telle que prévue par la loi de Septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel ».

« Le BTP poursuit son redressement »

« Même s’il est dépourvu d’un tissu industriel – à l’exception de la région biterroise qui dispose d’entreprises dynamiques dans le secteur de la mécanique – le département de l’Hérault a de véritables atouts pour son développement. Le tourisme y est robuste avec des perspectives intéressantes pour en améliorer la qualité comme l’oenotourisme dont Kléber Mesquida a eu l’intelligence de se faire le chantre. La viticulture (80 % du CA de l’agriculture héraultaise) a réussi sa révolution qualitative et a désormais un rayonnement national et international. Le BTP qui avait connu une grave crise de 2009 à 2015 poursuit son redressement et crée des emplois, 1750 entre 2017 et 2018. Sur la métropole de Montpellier deux grands pôles d’excellence, la santé d’une part l’agronomie et l’environnement d’autre part irrigués par une économie numérique en plein essor. Ils constituent deux grands piliers de l’économie du futur fondée sur l’innovation ».

« Une jeunesse ardente dans les quartiers »

C’est dans cette perspective qu’a été conclu le 5 janvier 2017 le pacte métropolitain d’innovation Capital Santé entre l’État et la métropole visant à soutenir des investissements (6 au total) particulièrement emblématiques de l’excellence montpelliéraine dans le domaine de la santé. L’État a apporté 8,2 millions d’euros, la métropole : 3,6 et le conseil régional ainsi que le conseil départemental ont contribué au financement du plus important de ces investissements l’IRM Radiothérapie maintenant installé à l’ICM. Elaboré dans des délais record, grâce à une mobilisation exceptionnelle de l’État, des services de la métropole et des partenaires de la santé ce pacte a été mis en œuvre très rapidement. 3 des 6 investissements majeurs ont d’ores et déjà été réalisés.

« Développez l’économie du futur »

« C’est dans cette même perspective de développement de l’économie du futur, et en partant de l’expérience du mas numérique de Villeneuve les Maguelone, que M. Augier Directeur Régional de l’Agriculture d’Occitanie, Mme Bellon Maurel de l’IRSTA et Anne Lucie Wack, directrice générale de Sup Agro ont eu l’idée, que j’ai ardemment soutenue dès l’origine, du projet Occitanum, un living lab qui met le numérique au service de l’innovation collective dans les territoires agricoles de la région.

  1. e) enfin dernier atout et non des moindres, les quartiers populaires dits dans le jargon technocratique : quartiers politique de la ville. 22 dans le département, 12 à Montpellier. Nous connaissons les difficultés auxquelles se heurtent les habitants de ces quartiers : le chômage, la pauvreté, parfois le sentiment de relégation. État et collectivités territoriales, nous nous efforçons d’y remédier avec les 7 contrats de ville, et les 7 opérations de rénovation urbaine dont le grand projet de rénovation de la Mosson qui verra l’implantation au cœur du quartier d’activités économiques, pourvoyeuses d’emplois.

Au-delà de la mise en œuvre de ces politiques publiques indispensables il faut le dire et le redire nos quartiers ont des talents qu’il faut aider à faire éclore, nos quartiers ont une jeunesse ardente à laquelle il faut ouvrir des perspectives d’intégration sociale par le travail, nos quartiers ont des femmes et des hommes  qui s’engagent dans la vie associative et qu’il faut soutenir. Je voudrais saluer celles et ceux qui me font l’amitié d’être ici ce soir et saluer une nouvelle fois mes 6 délégués dans les quartiers de Montpellier, de Lunel, de Sète, d’Agde et de Béziers, Souad, Alain, Isabelle, Hervé, Laurence et Pascale qui y font un formidable travail pour toujours plus de cohésion sociale.

« Ce département a des atouts »

« Ce département a des atouts, il a aussi vocation à structurer l’Occitanie orientale à travers un réseau des villes languedociennes dont Montpellier a naturellement vocation à être le pivot. Je sais que la métropole y réfléchit et a déjà conclu des contrats dits de réciprocité avec des communautés de commune de l’arrière pays. Il faut aller plus loin en jouant sur les complémentarités entre Alès et Nîmes à l’est de Montpellier et à l’ouest Sète, Béziers, Narbonne. Si ce réseau de villes en forme de grappe de raisin voyait le jour – en tout ou partie – c’est l’équilibre de la région qui en sortirait renforcé. Alors oui, ayez confiance mais en même temps « unissez-vous »

« Les discordes politiques sont légitimes »

« Je sais qu’il y a des discordes politiques, elles sont légitimes. Je sais qu’il y a le choc de personnalités bien affirmées, elles sont naturelles. Je sais qu’il y a une propension locale aux joutes verbales, c’est dans l’ADN méditerranéen. Mais quand l’essentiel est en cause, c’est à dire le développement de la métropole et du département de l’Hérault il faut savoir oublier les querelles, finalement subalternes, pour faire converger les efforts de grandes collectivités au premier rang desquelles figure la Région au service des grands projets structurants. Neutre et impartial l’État est dans son rôle lorsqu’il intervient comme médiateur. C’est ce que je me suis efforcé de faire avec des fortunes diverses ».

Le préfet, Pierre Pouëssel et Philippe Saurel ont présenté les actions pour reloger les Roms à Bionne. Photo JMA. Métropolitain.

Le préfet, Pierre Pouëssel et Philippe Saurel ont présenté les actions pour reloger les Roms à Bionne. Photo JMA. Métropolitain.

« J’ai réussi deux actions majeurs de médiation »

« Je suis toutefois très heureux d’avoir réussi deux actions de médiation sur des dossiers majeurs avec le concours précieux et efficace de mes deux secrétaires généraux successifs Olivier Jacob et Pascal Otheguy. La première connut son épilogue, après 5 mois de discussions – le 3 juin 2016 ici dans cette salle où j’ai accueilli Philippe Saurel et Carole Delga qui, à mes côtés et à ceux du préfet de Région, ont signé le volet métropolitain du Contrat de plan Etat-Région.

La deuxième médiation connut son aboutissement en forme d’apothéose le 22 décembre 2016 lorsque Kléber Mesquida et Philippe Saurel firent ratifier, en ma présence, devant leur assemblée respective la convention de transfert du département à la métropole, des compétences FSL, FAJ, Culture ainsi que la compétence voirie. Ce fut une journée inoubliable, un moment de grâce à la veille de Noël et à quelques jours du délai qui nous était fixé par la loi Notre et qui expirait le 31 décembre 2016. Je voudrais une fois encore remercier les artisans techniques de cet accord Pascal Otheguy, Christian Fina et Daniel Villessot avec le concours très précieux et bienveillant du président de la chambre régionale des comptes. Je voudrais bien sûr remercier Philippe Saurel, maire de Montpellier, président de la métropole et Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l’Hérault, pour la confiance qu’ils m’ont témoigné à cette occasion, confiance qui ne s’est jamais démentie d’ailleurs en 3 ans et demi et dont je leur sais gré ».

« Je vois un océan de vignes »

« Au moment de vous dire « au revoir » je suis submergé par l’émotion. Je ferme les yeux et je vois un océan de vignes à deux pas des flots bleus étincelants sous le soleil de la Méditerranée, je vois des vignerons à la tâche et je pense à leurs aïeux, à ceux de 1907, à Marcelin Albert, aux braves soldats, aux braves pioupious du 17ème de ligne qui refusèrent de tirer sur leurs frères et dont la chanson de Montéhus nous dit « ils auraient en tirant sur nous assassiné la République ». Oui décidément j’aime l’Hérault ».

À Orléans, lors des nombreuses réceptions qui l’attendent, Pierre Pouësel pourra se souvenir de son séjour héraultais en savourant un « jaune » avec modération.

Lire aussi : Montpellier / Pierre Pouëssel : « On souhaite que les manifestations des Gilets Jaunes se déroulent normalement »


Viewing all articles
Browse latest Browse all 13816