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Transvideo à Verneuil, le péché mignon de Clint Eastwood

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Hervé Morin teste une table de mixage conçue pour gérer le son sur un tournage.

Hervé Morin teste une table de mixage conçue pour gérer le son sur un tournage. (©Valentin Mauduit)

De Verneuil à Hollywood. De Jacques Delacoux à Clint Eastwood. Il n’y a qu’un pas. Transvideo, petite entreprise Vernolienne d’une vingtaine de salariés est grande par son talent. Et elle le démontre un peu plus chaque année. Déjà récompensée par un Oscar en 2009, elle a obtenu (indirectement) un autre trophée de choix : Bohemian Rhapsody a obtenu le Bafta (British Academy Film Awards) du meilleur son. Et le matériel utilisé pour ce film était « made in Verneuil ». Un CV long comme le bras, un savoir-faire extraordinaire, il n’en fallait pas plus à Hervé Morin, président de la Région Normandie, pour rendre visite à Jacques Delacoux, PDG et créateur de cette entreprise.

Lire aussi : Transvideo, du Hollywood made in Normandie

Après une brève présentation de l’entreprise, et un échange entre les deux hommes, c’est dans l’atelier qu’ils se sont dirigés pour rencontrer ceux qui font tout le succès de cette marque. En difficulté économique, il y a quelques années, la Région Normandie n’avait pas hésité à injecter 250 000 € pour qu’elle perdure. Vendredi, Hervé Morin venait faire le « bilan ». Pourquoi la Région avait-elle donné ? Et il a vite compris.

Des produits de luxe

James Bond, Captain America, le matériel produit par Transvideo est passé dans les plus grosses productions. Clint Eastwood, en personne, voulait travailler qu’avec les produits vernoliens.

« Un homme simple et abordable. J’aime ses films, il aime les produits tout va bien (rires) Il m’a même dit que je lui avais changé la vie », se souvient Jacques Delacoux.

Dans l’atelier, Hervé Morin discute avec les employés, leur demande en quoi consiste leur métier, d’où ils viennent, quelles études les ont amenées ici… Même si le charabia électronique a souvent raison de sa compréhension. Il comprend très vite que Transvideo est un mastodonte du cinéma mondial grâce à ses produits (moniteurs Steadicam, Cantar X3 pour une prise de son impeccable,…). « Nous sommes la Rolls du Steadicam », explique l’entrepreneur de 61 ans.

Voici un exemple de matériel conçu spécialement pour Clint Eastwood, avec le message perso qui va bien.

Voici un exemple de matériel conçu spécialement pour Clint Eastwood, avec le message perso qui va bien. (©Valentin Mauduit)

Si l’activité principale repose sur la prise de son et le cinéma, la passion première de Jacques Delacoux, une autre activité est très présente dans l’entreprise : l’aéronautique. Explications. Transvideo fabrique des écrans qui sont dans les A380. Dans le cockpit, il y a deux écrans à nous. « Nous avons 10 ou 20 ans de travail devant nous », lâche le PDG dans l’atelier. Quant à l’autre bout, Hervé Morin salue le dernier salarié présent et lance en souriant : « Ça manque de femmes ici. »

Après une heure dans l’atelier, Hervé Morin se confie sur cette société.

« C’est une pépite comme l’industrie normande en a tant. Je salue la volonté d’un chef d’entreprise qui se bat pour rester une référence mondiale. »

Jacques Delacoux en profite pour demander une « faveur » : obtenir la marque Normandie pour son entreprise. Et c’est chose quasiment faite.

« La télé m’emmerde »

Une fois les élus partis, Jacques Delacoux accepte de revenir sur des années de travail. Sur des tournages, avant sa carrière d’entrepreneur, il en avait marre de voir les caméras et autres matériels tomber en panne, les uns après les autres. Dans sa cave, il décide donc de bricoler, et c’est là qu’est née Transvideo. Ce passionné et mordu de cinéma, mais aussi de son – « quand j’étais jeune, je partais en forêt enregistrer des sons » – se lance. En 1985, son bébé naît. S’en sont suivis des salons à Las Vegas pour se faire connaître, des rencontres incroyables avec des géants du cinéma, un bref passage par du matériel médical… Voilà comment Transvideo est devenue une référence.

Hervé Morin a dans les mains le type d'écran utilisé dans les A380.

Hervé Morin a dans les mains le type d’écran utilisé dans les A380. (©Valentin Mauduit)

Une référence qui ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Puisque le PDG a des projets plein la tête. « Je vais travailler avec Netflix. J’aime bien ce qu’ils font. La télé m’emmerde, je n’ai même pas la télé chez moi. » La réalité augmentée l’intrigue également.

« On peut faire beaucoup de choses avec ça. Dans quelques années, elle prendra tout son sens. Et j’aimerais pourquoi pas refaire une caméra qui mêlerait l’ancien et la technologie moderne. Avoir un vrai rapport physique avec elle. J’ai connu des cameramans qui dormaient avec leur caméra tellement c’est un outil formidable. »

Mais avant tout, Jacques Delacoux souhaite la pérennité de son entreprise… ou plutôt ses entreprises (lire par ailleurs).

Aaton, l’autre entreprise de Jacques Delacoux
En 2013, alors qu’Aaton est au fond du gouffre, Jacques Delacoux ne peut pas laisser passer cette opportunité. Celle que vous offre la vie à un moment. Cette entreprise historique, spécialisée dans la prise de vues et de sons cinématographique, est une chance pour Transvideo. Le 9 juillet 2013, l’entreprise grenobloise devient donc propriété du PDG. Depuis, financièrement, c’est compliqué, mais Jacques Delacoux se bat. « On est à un chiffre d’affaires de 1,7 m €, il faudrait que l’on soit à 5. Les coûts des composants sont exorbitants », regrette-t-il.


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