
Avec la sécheresse, les aiguilles des sapins deviennent rouges, comme c’est le cas dans les Vosges. (©Illustration/Flickr/CC/U.S. Geological Survey)
Va-t-on avoir des sapins de Noël cet hiver ? Les spécialistes des forêts vosgiennes s’inquiètent de l’état des sapins du massif après des températures records enregistrées en juin et en juillet 2019. Mais, ils souffrent déjà depuis plusieurs années et pourraient être menacés sur le long terme si les canicules s’enchaînent.
La sécheresse qui a touché la Lorraine et une grande partie de la France cette année, couplée à celle de 2018, a grandement contribué à diminuer la quantité d’eau présente dans le sol. Résultat, les sapins ont subi un stress hydrique et n’ont pas été suffisamment alimentés en eau, s’inquiète l’Office national des forêts.
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Une pluviométrie insuffisante et des écarts de température
Selon le bilan climatique de l’année 2018 réalisé par Météo France, « les régions du Nord-Est ont subi une sécheresse record au cours de l’automne ». De plus, « les températures maximales, supérieures aux normales de 1 à 2°C, ont été particulièrement élevées sur le quart nord-est du pays où elles ont été en moyenne plus de 2°C au-dessus de la normale ».
Pire encore, « la pluviométrie a toutefois été déficitaire de 10 à 20 % le long des frontières du Nord et du Nord-Est, voire localement 25 à 30 % en Alsace, Lorraine et Franche-Comté qui ont connu une sécheresse record au cours de l’automne ». En raison des fortes chaleurs et de la faible pluviométrie, les sapins des Vosges ont souffert.
« Sur le long terme, on peut s’interroger »
Selon Cédric Ficht, directeur de l’agence ONF de Mulhouse (Haut-Rhin) interrogé par Lorraine Actu, « l’espèce n’est pas en danger, puisque chaque année, il n’y a que 5 à 10 % des sapins qui meurent ».
En revanche, il avance prudemment que « sur le long terme, on peut s’interroger, surtout si l’on continue de vivre des années sèches de manière récurrente ». D’après l’expert, les Vosges vivent une situation de sécheresse inédite, avec des années très difficiles depuis 2015 sans discontinuer.

Des sapins rougis par les fortes températures. (©Erwin Ulrich / ONF)
L’adaptabilité par la sélection
Pour Cédric Ficht, « certains sapins ne sont pas habitués à ces conditions de sécheresse et meurent ». L’une des solutions pour endiguer ce phénomène de mort des sapins, dans un contexte de réchauffement climatique, serait « d’introduire de nouvelles essences (des espèces d’arbre) qui ont poussé dans des endroits avec un climat différent, beaucoup plus chaud ».
Ce sont les sapins les plus faibles et les moins adaptés aux nouvelles conditions climatiques qui meurent.
Comme pour toute espèce, la sélection fait des victimes. Avec le réchauffement climatique, l’adaptabilité par la sélection risque de prendre un peu de retard.
En revanche, il insiste sur un point : « Il ne faut pas considérer que la forêt ne va pas disparaître ». Selon lui, « même si le phénomène est important, on est sur une situation maîtrisée. Mais s’il perdure et que nous n’y apportons pas de réponse, cela risque de devenir problématique ».
Les chercheurs sont ainsi obligés de se projeter sur le très long terme, pour faire face aux évolutions climatiques de la planète. « Les nouvelles essences qui pourraient être introduites seraient récoltées d’ici un siècle à un siècle et demi », avance le directeur de l’agence de Mulhouse. Pour le moment, c’est essentiellement la régénération naturelle qui permet aux arbres de faire face.
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