
L’église Saint-Germier de Fourquevaux abrite un retable sous la forme d’un triptyque. La partie centrale est l’œuvre de Jean-Paul Laurens. Les toiles latérales, (à g.) et (à d.), sont celles de ses fils Jean-Pierre (1875-1932) et Paul-Albert (1870-1934). (©Henri Marcellin – VDML)
Un enfant qui naquit en 1838 à Fourquevaux aux origines rurales modestes, de maigre instruction, tutoyant bien volontier l’école buissonnière et qui s’éteignit à l’âge de 83 ans dans son hôtel particulier de la rue Cassini à Paris couvert des plus beaux lauriers (médaille d’honneur du Salon) et des plus hautes responsabilités (directeur de l’école des Beaux-arts de Toulouse, membre de l’Académie des Beaux-arts) et distinctions (officier de la Légion d’Honneur). Telle fut d’un bref jet d’encre, la vie remarquable de l’artiste peintre Jean-Paul Laurens.
L’histoire raconte que c’est sa mère mourante qui lui indiqua dans son dernier soupir sa voie en échappant de ses mains un missel. L’enfant se saisit du livre de piété et fut subjugué en le parcourant par ses illustrations notamment celle de la Nativité de Carle van Loo (1705-1765).
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Dès lors, le jeune Fourquevalais embrassa le désir absolu de devenir artiste peintre. Le petit Jean-Paul débutait un apprentissage rude et laborieux auprès d’un peintre décorateur italien itinérant, Antonio Buccaferrata, spécialisé dans la restauration d’église.
Des beaux-arts toulousains à la capitale
Conscient du don artistique ardent de son jeune neveu, l’oncle Benoit – imprimeur à Toulouse – le recommanda à un professeur de l’école des arts toulousaine où il suivit les enseignements de messieurs Denis (élève d’Ingres) et Willemsens.
Entre ces mains pétries de bienveillance à son égard, Jean-Paul Laurens put perfectionner sa technique et exercer la vigueur de son pinceau pour tenter de hisser son art jusqu’à l’excellence.
Distingué du prix de peinture de l’école des Arts de Toulouse, il obtint une bourse pour suivre pendant trois ans les enseignements de l’école des Beaux-arts de Paris et l’atelier Cogniet.
Ses toiles exposées dans le monde entier
L’artiste en devenir était sur les bons rails et le succès naissant n’attendait qu’à éclore. La reconnaissance officielle arrivera en 1872 lorsqu’il présenta au Salon à Paris ses toiles La mort du duc d’Enghien et Le Pape Formose et Etienne VI.
Désormais, Jean-Paul Laurens, pompier* flamboyant, est exposé dans le monde entier et des sites remarquables accueillent ses grandes fresques (théâtre de l’Odéon, salles des illustres au Capitole de Toulouse..)
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Son œuvre immense compte aussi nombre de tableaux illustrant son attachement à sa terre natale (Le Lauragais) et son farouche anticléricalisme (L’agitateur du Languedoc).
Henri Marcellin
* Art « pompier » : qualificatif caricatural de l’art académique du XIXe siècle dont l’esthétique était moquée en référence à certains tableaux représentant des personnages dont le casque évoquait ceux des sapeurs-pompiers des années 1800.
A lire et à voir
À lire : Le roman d’un peintre de Ferdinand Fabre (Éditions G. Charpentier, 1878)
À voir : Le musée des Augustins à Toulouse et l’église SaintGermier à Fourquevaux
Rubrique réalisée avec l’aimable contribution iconographique des archives départementales de Haute-Garonne. Vous avez une idée de chronique à traiter ? N’hésitez pas à contacter l’auteur de cette rubrique Patrimoine à henrimarcellin@orange.fr