
Sara Forestier (Marie) et Léa Seydoux (Claude). (©DR)
Tiré fidèlement d’un fait divers survenu en 2002, le dernier opus d’Arnaud Desplechin nous plonge dans le quotidien d’un commissariat central, à Roubaix (Nord) bien sûr. C’est là que l’on croise toute la tristesse et la violence de cette ville claquemurée à présent dans une épouvantable pauvreté, source de nombreuses dérives. En l’espace du premier quart d’heure, c’est tout un choix de ces dernières qui nous est proposé.
Lire aussi : Arnaud Desplechin va tourner sur l’île de Noirmoutier
Une vieille dame assassinée
Puis survient le fameux fait divers, passé au scalpel dans un documentaire qui a inspiré le réalisateur (« Roubaix, Commissariat central » de Mosco Boucault). Dans un quartier plus que déshérité, une pauvre vieille femme a été assassinée. Ses deux voisines, Claude et Marie, beaucoup plus jeunes, dans une dèche totale, vivant en couple, vont être soupçonnées immédiatement par le commissaire Daoud, celui-ci ayant un flair imparable pour deviner les mensonges.
Avec l’aide de son nouvel adjoint, il va procéder aux interrogatoires séparées des deux femmes, puis à leur confrontation. C’est pour lui le moment de cerner leur psyché, de sonder leur détresse et leur lien sentimental. Tout cela avec une douceur et une évidente empathie qui tranchent avec la brutalité de ses collaborateurs.
Arnaud Desplechin : né à Roubaix…
Cet abonné au Festival de Cannes tourne son premier long (« La Sentinelle ») en 1992. Il a 32 ans. Salué par la profession, ce film lui vaut d’être reconnu comme le chef de file d’une nouvelle génération de cinéastes. La presse ne tarit pas d’éloges sur son cinéma d’auteur. Arnaud Desplechin tourne alors en anglais, puis va planter sa caméra Outre Atlantique, mettant en scène Benecio Del Toro (« Psychothérapie d’un Indien des Plaines »).
Ce natif de Roubaix revient dans son pays natal avec le film sous rubrique. Couvert de prix, présent dans les plus prestigieux festivals, Arnaud Desplechin déroule une carrière sans concessions.
Roschdy Zem, christique
Présenté au dernier festival de Cannes, le dernier long d’Arnaud Desplechin met en scène des comédiens à l’aura indéniable. Il en est ainsi particulièrement de Roschdy Zem, commissaire Daoud littéralement christique. C’est lui la lumière du titre, lui qui va tenter de sauver les âmes perdues de Claude et Marie en leur faisant avouer leur crime, apaisant ainsi des esprits incontrôlables, ramenant ainsi son travail au niveau de l’humain.
Lire aussi : AU CINÉMA. « Parasite », la Palme d’Or du Festival de Cannes est un modèle de fable sociale
Si l’on peut être plus sensible à l’engagement de Sara Forestier (Marie), nul doute que Léa Seydoux s’est quelque peu investie également dans le rôle de Marie. Mais c’est vraiment Roschdy Zem qui envahit l’écran à chacune de ses apparitions, seule bouffée d’oxygène dans ce monde oppressant.
Les lumières sont magnifiques et la BO, signée Grégoire Hetzel, avec ses accents « tristanesques », accompagne par son lyrisme profond un film bouleversant sur l’être humain.
>> La bande-annonce du film en vidéo <<
Robert Pénavayre
Infos pratiques :
Roubaix, la lumière
Réalisateur : Arnaud Desplechin
Avec : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier…
Durée : 1h59
Genre : Polar