
Deux Alençonnais ont été écroués ce jeudi 2 mai après des faits de violence commis à sur un homme mardi 30 avril. (©L’Orne-Hebdo)
Alertée par des témoins, la Police est intervenue pour des violences sur un homme à terre, rue du Boulevard à Alençon, mardi 30 avril en début de soirée. À leur arrivée, les policiers « identifient formellement » un Alençonnais de 28 ans, connu de leurs services.
2,86 g/l de sang
À la vue des forces de l’ordre, ce dernier s’abrite dans un appartement proche. Les policiers devront avoir recours au gaz lacrymogène pour accéder au logement où ils feront face au locataire, un Alençonnais de 32 ans sous curatelle, et l’Alençonnais de 28 ans, tous deux « très alcoolisés et très énervés ».
Leur alcoolémie, à 20 h 30, se chiffrait, en effet à 0,63 mg/l d’air expiré (1,26 g/l de sang) pour le plus jeune et à 1,43 mg/l d’air expiré (2,86 g/l de sang) pour le plus âgé, par ailleurs poursuivi pour tapage nocturne en date du 31 août 2018.
Pendant l’interpellation des deux hommes, le troisième, au sol et blessé, a été dirigé vers le centre hospitalier d’Alençon. Il n’a pas souhaité se porter partie civile.
Tapages nocturnes fréquents
Jugés devant le tribunal correctionnel d’Alençon, ce jeudi 2 mai dans le cadre de la procédure de comparution immédiate, les deux hommes ont nié la violence face aux juges.
« J’ai rencontré une amie au Mans et on est rentrés ensemble. On a bu de la vodka pour fêter ma sortie de détention et je suis passé voir mon ami pour récupérer mes affaires chez lui », détaille l’Alençonnais de 28 ans.
« Il y avait ce gars qui saignait de la bouche et qui voulait qu’on appelle les pompiers. Il est sorti et quand on a rouvert la porte, il était par terre ! »
Le trentenaire confirme que la victime « est venue foutre le bordel chez moi » mais nie, lui aussi, quel que coup que ce soit à son encontre bien qu’il ait reconnu trois coups de pied lors de sa garde à vue.
Les témoins confirment que les deux hommes frappaient celui qui était au sol :
« Il y en avait un qui tapait trois fois moins que l’autre parce qu’il ne tenait pas trop debout ».
La présidente du tribunal signale que le commissariat d’Alençon a enregistré « de nombreuses mains courantes en 2017 et 2018 » pour « des tapages nocturnes et des menaces avec les chiens » à l’encontre du prévenu trentenaire. « Le 29 avril dernier et les jours précédents, il y avait encore des plaintes du voisinage », ajoute-t-elle.
« On se biture et après on se charge de ne pas s’en rappeler »
Le plus jeune des deux prévenus, sous curatelle, fait état « d’un alcoolisme chronique, d’une déficience intellectuelle et d’une immaturité affective ». Sans emploi, il annonce « préférer d’abord faire une cure de désintoxication avant de trouver un travail ». Son casier judiciaire fait état d’une seule condamnation.
Son co-prévenu en recense, lui, 19 « dont beaucoup de violences », signale la présidente. Également sans emploi, il mentionne qu’il « a travaillé en détention » et persiste sur sa non-participation à ces violences du 30 avril :
« Je ne vais pas m’amuser à taper quelqu’un le soir même où je sors de détention. Je ne veux pas d’histoire ».
« La victime, bien qu’avisée, n’a pas souhaité se porter partie civile et a refusé de mettre en cause les prévenus allant jusqu’à déclarer être tombée toute seule, ce qui est en contradiction flagrante avec les déclarations circonstanciées d’un témoin et avec la nature des blessures prises en photo par les services », annonce le procureur de la République.
Selon lui, le domicile du plus âgé « est un repaire pour ceux qui veulent se rafraîchir ! »
« Il y a quelque 800 € à dépenser en boissons alcoolisées chaque mois, ce qui amène tapage sur tapage pour lesquelles le prévenu a fait l’objet d’une composition pénale et de cinq contraventions. On se biture et après, on se charge de ne pas s’en rappeler pour pouvoir continuer dans cette addiction ! »
Le représentant du Ministère Public qui invite le tribunal à « ne pas attacher de crédit à ce stratagème ».
Une victime qui déclare qu’elle n’est pas victime !
Il requiert une peine « visant à prévenir la réitération de tels faits ». En l’occurrence : six mois de prison et la révocation d’un précédent sursis pour le trentenaire et dix mois de prison pour le plus jeune « dont c’est ce soir la 9e comparution immédiate sur 19 condamnations ! » Il demande, en outre, un mandat de dépôt pour chacun des deux prévenus.
« Une comparution immédiate où la victime déclare qu’elle n’est pas victime, on n’en voit pas souvent ! », plaide l’avocate du plus jeune prévenu.
« On sait tous ici qui est la victime et penser qu’il a peur de ces deux-là, c’est impensable ! C’est plutôt mon client qui est victime de la victime ».
Elle invite le tribunal à relaxer son client.
L’avocate du trentenaire plaide également la relaxe car « ériger la victime en victime alors que lui-même ne le fait pas, c’est un peu fort ! Mon client voulait retourner chez sa mère et tout ce qu’il ne voulait pas, lui est arrivé. Ce soir-là, il ne voulait pas d’ennuis car il est dans une démarche positive de restructuration ».
« Faire la part des choses »
Son client a demandé « l’indulgence » au tribunal avant de souhaiter qu’il sache « faire la part des choses car la victime n’est pas toute blanche non plus ».
Son co-prévenu a, lui, fait part de son souhait « que la victime ne vienne plus chez moi ».
Le tribunal a finalement reconnu les deux prévenus responsables des violences sur l’homme à terre. Le locataire du logement a été condamné à six mois de prison dont deux mois assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans ainsi qu’aux obligations de soins. Il devra, en outre, suivre un stage de citoyenneté à ses frais pour le délit de tapage nocturne.
L’Alençonnais de 28 ans a, lui, écopé de dix mois de prison ferme.
Les deux hommes ont été conduits à la maison d’arrêt de Coulaines, près du Mans, dans la foulée de leur jugement.