
Les anciens salariés d’Arjowiggins ne perdent pas espoir quant à la reprise de l’activité mais les résultats d’une récente étude les ont abasourdis. (©Le Pays Briard)
Le 3 mai, les anciens salariés d’Arjowiggins ont déposé deux offres de reprise de l’activité. L’une est portée par Arnaud Gravey et fonctionnerait avec des fonds d’investissement. La seconde est proposée par quatre personnes et s’établit sous la forme d’une Société coopérative et participative (Scop), un statut d’entreprise qui avait déjà été évoqué au début de la mise en liquidation judiciaire du papetier Arjowiggins, à Jouy-sur-Morin.
Le projet industriel repose en partie sur une diversification de la production. Pour ce faire, il a notamment été proposé aux clients « d’augmenter la part du chanvre pour monter une filière écologique », expose Patrice Schaafs. Le délégué syndical CGT, qui fait partie des quatre repreneurs potentiels, est soutenu financièrement par la Région et le Département dans une moindre mesure.
« Une grande déconvenue »
Pour appuyer leur projet, les quatre repreneurs potentiels avaient rendez-vous en sous-préfecture de Provins, dans la matinée du jeudi 16 mai. Les résultats d’une étude sur leur projet de reprise, diligentée par les services du ministère de l’Économie et menée par un cabinet belge, leur ont été présentés. Mais le verdict est sans appel : l’État rejette la proposition de Scop présentée par les quatre anciens salariés d’Arjowiggins.
Au lendemain d’une rencontre de près de deux heures qui réunissait plusieurs élus locaux et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, qui a présenté l’étude en l’absence du cabinet belge, la sénatrice Anne Chain-Larché (LR) résume :
La réunion s’est extrêmement mal déroulée, c’est une grande déconvenue.
Éric Barre, lui aussi à la CGT et présent en sous-préfecture, renchérit :
L’État veut nous tuer. Les chiffres qui nous ont été présentés sont faux ! Le nombre de personnes à la reprise de l’activité a été surestimé, il a été dit que nous avions perdu des compétences alors que seulement six personnes ont retrouvé un emploi (sur 238 salariés, ndlr) et ils ont surévalué le financement de départ.
Une étude orientée
Pour Patrice Schaafs, comme pour Anne Chain-Larché, l’étude n’était pas objective : « Elle compromet toute perspective de reprise et présentait un parti pris très pessimiste avec des informations erronées. Les obstacles présentés étaient jugés insurmontables. Je ne suis pas candide mais nous croyions en cette reprise d’activité, avec des perspectives d’évolution, mais tout a été balayé d’un revers de main y compris l’utilisation du chanvre. Je suis en colère de la façon dont les salariés sont traités. »
Enfin, c’est au cours de cette réunion que les acteurs du dossier ont appris la mise aux enchères trois jours plus tard des machines du centre de recherches d’Apprieu, près de Grenoble (Isère). Or, tous ces actifs faisaient partie du plan de reprise.
Une décision le 29 mai
Les ex-salariés d’Arjowiggins ont jusqu’au 29 mai pour apporter de nouveaux éléments et corriger l’étude rendue. C’est à cette date que le tribunal de commerce de Nanterre se prononcera sur la liquidation de l’entreprise.
Enfin, ce mercredi 22 mai, le tribunal de Meaux rendra son jugement quant à l’assignation en référé de deux anciens salariés d’Arjowiggins, dont Patrice Schaafs, pour entrave à la procédure de liquidation judiciaire. Il y a une semaine, au cours de l’audience, plusieurs témoins ont affirmé que le liquidateur-judiciaire, par la voix de son avocate, s’était dit « opposé » aux projets de reprise et que « les actifs de la société seront vendus par appartement. »