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Les chiffres de Vélô Toulouse sont impressionnants : 2600 vélos répartis dans 286 stations et plus de 33 000 abonnés longue durée. (©Actu Toulouse)
Certains – et notamment les étudiants – les appellent affectueusement les « vélouse ». Malgré ce sobriquet pas forcément flatteur, les VélôToulouse, les vélos en libre service du groupe JCDecaux ont trouvé leur public et leur rythme de croisière, à Toulouse. Au bout de douze ans, le service fourni par JCDecaux affiche d’ailleurs des chiffres impressionnants, avec 2600 vélos répartis dans 286 stations et plus de 33 000 abonnés longue durée.
L’arrivée du concurrent Indigo Weel n’a pas affaibli Vélô Toulouse, qui pour se moderniser, sera bientôt directement disponible à la location via smartphone. Et alors que JCDecaux a perdu le gigantesque marché des Vélib à Paris au profit de Smovengo, après dix ans d’exploitation, le prestataire sera candidat à sa succession à Toulouse, lors du renouvellement du marché public par la mairie de Toulouse (qui verse chaque année 5,7 millions d’euros à JCDecaux pour Vélô Toulouse), qui interviendra en 2022, annonce Patrick Tregou, directeur régional de JCDecaux en Occitanie, à Actu Toulouse. Interview.
« Toujours en phase de croissance »
Actu Toulouse. Douze ans après, VélôToulouse parvient-il à être aussi attractif ?
Patrick Tregou : « On est toujours dans une phase de croissance, avec un périmètre constant d’abonnés courte-durée et un maintien des abonnés longue durée. Aujourd’hui, il y a 286 vélos stations qui sont implantées. On avait commencé en 2007 au centre-ville, avec des stations éloignées les unes des autres d’environ 50 mètres et on a étendu le maillage de façon à desservir du mieux possible l’ensemble du périmètre de la ville de Toulouse ».
VéloToulouse en chiffres
Aujourd’hui, les 2 600 vélos répartis dans 286 stations enregistrent les chiffres suivants :
– 33 000 abonnés longue durée qui réalisent en moyenne 110 trajets/par an ;
– 350 000 abonnés courte durée ;
– 4,13 millions de locations annuelles ;
– 25 000 kilomètres parcourus en moyenne par jour, avec des records à 40 000 kilomètres ;
Au total depuis 2007, plus de 42 millions de trajets et 92 millions de kilomètres parcourus à VélÔToulouse. Depuis le début du mois de septembre, chaque vélo a été utilisé 6 fois par jour en moyenne.
L’arrivée d’un concurrent, Indigo Weel, a-t-elle eu un impact ?
P.T. : « On n’a pas constaté d’impact, ni sur les abonnés longue durée. Sur les abonnés courte durée, on a eu une baisse entre 2 et 3% de diminution d’usage mais aujourd’hui, les choses sont revenues dans la norme. On n’est pas sur le même créneau. Aujourd’hui, les utilisateurs de VélôToulouse, à plus de 62%, sont des gens qui sont dans une logique multimodale. Ils se déplacent à pied, en bus, en métro ou en vélo… Aujourd’hui, on s’aperçoit que l’usage du vélo contribue à diminuer l’usage de la voiture de façon très importante. Notre enquête de satisfaction, à laquelle ont répondu entre 5 000 et 6 000 personnes, permet de répondre favorablement aux attentes des utilisateurs de nos vélos ».
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« On pourra réserver un vélo via son smartphone »
Quels sont les pistes de développement pour VélôToulouse ?
P.T. : « Le développement majeur, cela va être la modernisation du système de location des vélos, qui permettra à tout à chacun via son smartphone, de récupérer des bicyclettes et d’avoir un usage simplifié.
On pourra réserver le vélo, le débloquer, louer plusieurs vélos simultanément. Aujourd’hui, on ne peut pas louer plusieurs vélos avec la même carte. En revanche, avec notre système d’abonnements et la gestion de la data, il sera possible de récupérer trois ou quatre vélos en fonction des besoins, de façon simple.
Tout se fera directement par le smartphone. Les gens pourront réserver par anticipation et, dès que la fin de la course sera faite, ils n’auront pas besoin de repasser systématiquement devant la borne. On envisage de pouvoir le mettre en service au cours du premier semestre 2020. On a déjà mis en place ce système à Lyon et à Nantes et on s’est aperçu que ça entraînait une augmentation des usages grâce à la simplicité d’utilisation.
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Les vélos-électriques ? Tout dépend de la ville !
JC Decaux va-t-il se positionner sur le marché des vélos électriques à Toulouse ?
P.T. : « Pour répondre favorablement aux attentes des villes, on a développé un certain nombre de services complémentaires.
On a plusieurs systèmes d’évolution possibles pour les vélos. À Lyon, des batteries amovibles vont être installées. À Luxembourg, il s’agit de batteries embarquées avec des stations. À Nantes, il y a un système hybride, avec des vélos courte durée et longue durée qui permettent d’irriguer de façon plus profonde l’ensemble de l’agglomération. Il y a plusieurs modèles. Il reste donc à la ville de définir le type d’équipement dont elle a besoin.
Mais il faut préciser les vélos électriques ne sont pas l’évolution majeure attendue par les usagers du vélo. Si la ville le souhaite, c’est quelque chose qui pourrait être mis en place. Mais pour l’instant, il n’y a pas eu de demande formalisée en ce sens ».
Quelles sont les évolutions demandées par les usagers ?
P.T. : « Les enquêtes d’usage, auxquelles ont répondu 5 000 à 6000 personnes à Toulouse, montre que les vélos électriques ne sont pas leur préoccupation principale. Ils demandent un élargissement de la zone pour les couvertures des vélos, la suppression des écrans tactiles, l’évolution de l’application « all bikes now » ou encore le développement des réseaux cyclables. On est dans une ville où il y a une planimétrie assez forte, avec comme seuls points hauts, l’avenue de la Gloire, ou la montée de Jolimont. »
« 13 000 à 14 000 locations par jour »
Les tarifs peu élevés, qui font la force de VélôToulouse, vont-ils rester bas ?
P.T. : « Nous avons un système mixte, puisqu’il y a de la publicité qui peut être affichée sur les vélos mais aussi sur les bornes de vélos. C’est ce qui permet aujourd’hui aux gens de pouvoir utiliser des cartes d’abonnement à 20 ou 25 euros. Mais le prix même du vélo, s’il n’y avait pas la publicité, serait nécessairement plus élevé. Ce qui coûte le plus cher, c’est la maintenance, le suivi quotidien, toute la logistique qui est mise en place pour avoir un parc qui fonctionne. Si vous mettez des vélos tout seul, ça ne marche pas. Sur le terrain, nous avons 37 personnes au quotidien qui y travaillent. C’est ce qui nous permet d’avoir un service qui fonctionne 24h/24. C’est le seul service qui fonctionne de façon permanente. On est sur une moyenne pondérée à 13 000 ou 14 000 locations par jour. »
Au sujet du vandalisme, à quel niveau se situe-t-il ?
P.T. : « Ça s’est beaucoup amélioré avec l’augmentation de l’usage, car les gens sont beaucoup plus respectueux avec les vélos qu’ils utilisent au quotidien. En tout cas, cela n’a plus rien à voir avec ce que l’on avait connu au début de Vélô Toulouse, en 2007 et en 2008, où le niveau de vandalisme était bien plus haut. Il y a aussi des personnes qui ont été condamnées pour avoir volé ou dégradé des vélos. La peur du gendarme a aussi joué ».
Un autre reproche parfois formulé par les utilisateurs, c’est le poids du vélo. Vous travaillez dessus ?
P.T. : « Non. Le vélo pèse un peu plus de 20 kilos. En moyenne, il est repris cinq fois par jours. Ce n’est pas si absolu que ça mais sur les 2 600 vélos, certains vont être repris huit fois par jour, d’autres une seule fois dans la journée. Imaginez votre vélo personnel, qui est utilisé par huit personnes, qui vont modifier la hauteur de la selle, bouger les vitesses, sauter les trottoirs… Un vélo classique traditionnel ne résisterait pas à l’impact ! Voilà pourquoi le poids n’a jamais été un sujet de discussion. »
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JC Decaux candidat à sa succession en 2022
En 2022, la mairie renouvellera son appel d’offre. C’est une échéance importante pour JCDecaux ?
P.T. : « Comme tous les appels d’offre, ce sont des dossiers qu’il faut préparer, pour présenter les avantages du service. Le taux de personnes, parmi les utilisateurs de VélôToulouse, qui ne prennent plus la voiture était de 20% en 2016. En 2018, ce taux a grimpé à 31%. Vous avez donc 11% de nos utilisateurs qui en l’espace de deux années, ont abandonné l’usage de la voiture. Cela correspond à des personnes qui vivent dans Toulouse, pas à 25 kilomètres ! Mais cela montre que le système fonctionne, que la politique carbone est très bonne, le nombre d’usages est satisfaisant. Nous avons la bonne stratégie. On s’est aussi aperçu que les gens souhaitaient avoir des stations identifiées, plutôt qu’une station virtuelle. »
Vous serez donc candidat à votre succession ?
P.T. : « Bien évidemment. L’enquête de satisfaction montre que la raison numéro un de l’attractivité d’un VéloToulouse, c’est que ça rend les déplacements plus rapides. La raison numéro deux, c’est que c’est un mode de déplacement écologique et la raison numéro trois, c’est la facilité d’utilisation. Avoir, moyennant 25 euros par an, la possibilité de faire autant de déplacements que vous souhaitez, sous réserve de rester dans la première demi-heure, ça existe nulle part ailleurs ! Pourquoi on obtient de tels degrés de satisfaction ? Parce que la majeure partie des usages correspond à des trajets domicile-travail, notamment grâce au nombre de pistes cyclables qui ont été développées par la mairie de Toulouse ».